Le marché immobilier français est en pleine mutation, sous l’effet de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine, de l’inflation et des préoccupations environnementales. Quels sont les secteurs les plus porteurs, les risques et les opportunités pour les investisseurs et les acquéreurs en 2023 ?
Un ralentissement de l’activité et des prix
Selon l’analyse du marché immobilier des notaires de France, le volume des transactions dans l’ancien a atteint 1,116 million sur les douze derniers mois à fin novembre 2022, un niveau toujours supérieur au record de 2019 avant la crise sanitaire. Toutefois, le recul observé depuis le quatrième trimestre 2021 s’est accéléré ces derniers mois, atteignant -6% sur un an depuis août 2022, ce qui témoigne d’une tendance à la baisse.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Ce repli s’explique par la fin de l’élan provoqué par la crise sanitaire, qui a agi comme un catalyseur et un accélérateur dans les décisions immobilières, mais aussi par la remontée des taux d’intérêt, qui ont fortement soutenu le marché grâce à leur faiblesse extrême. Par ailleurs, l’inflation, alimentée par la hausse des coûts énergétiques, pourrait peser sur le pouvoir d’achat des potentiels acheteurs et entraîner une chute plus marquée des volumes.
Si les volumes ont commencé à baisser, les prix n’ont pas suivi. La tendance haussière observée les trimestres précédents se poursuit, que ce soit pour les appartements anciens ou les maisons anciennes. Néanmoins, on peut noter qu’au troisième trimestre 2022, l’ampleur des variations de prix est plus contenue. Les notaires constatent le retour des négociations de prix, signe d’un assouplissement de la hausse et d’un environnement plus équilibré entre acheteurs et vendeurs. La performance énergétique devient de plus en plus un facteur de négociation des prix.
Une diversification des opportunités
Malgré le ralentissement de l’activité et des prix, le marché immobilier français offre encore des opportunités de croissance et de rentabilité, mais l’équation de ce qui fait une bonne affaire a changé. Il faut désormais tenir compte de facteurs tels que la localisation, la qualité du bien, la demande locative ou encore l’impact environnemental.
L’immobilier résidentiel reste très prisé, étant perçu comme ayant plus de stabilité des revenus que les secteurs commerciaux. Les sous-secteurs spécialisés, comme les résidences pour seniors ou les logements étudiants, suscitent un intérêt particulier. Paris se classe au deuxième rang des villes européennes les plus attractives pour l’investissement immobilier résidentiel en 2023.
Par ailleurs, le marché immobilier français se diversifie avec l’émergence de nouvelles formes d’habitat, comme le coliving, le coworking ou le cohabitat. Ces modes de vie répondent aux besoins d’une population urbaine en quête de flexibilité, de convivialité et de services. Ils offrent également des opportunités aux investisseurs qui cherchent à optimiser le rendement au mètre carré et à fidéliser les locataires.
Une montée en puissance de l’ESG
Peut-être le moteur de changement le plus prometteur est la montée en puissance de l’ESG (environnemental, social et gouvernance). Le secteur immobilier, de la construction à la finance en passant par l’exploitation, intègre de plus en plus les préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance dans ses décisions d’affaires. Cela comprend tout, de la réduction des émissions à la diversité et à l’inclusion au sein des organisations. 93% des répondants estiment que l’ESG est le facteur le plus important pour une transformation organisationnelle réussie.
L’ESG n’est pas seulement une question de responsabilité sociale, mais aussi de performance financière. Les investisseurs et les acquéreurs sont de plus en plus attentifs à la qualité environnementale des biens immobiliers, qui influe sur leur valeur, leur coût d’exploitation et leur attractivité. Les réglementations se renforcent également, avec par exemple l’obligation de réaliser un audit énergétique pour les copropriétés de plus de 50 lots à partir de 2023.
Le marché immobilier français pour 2023 présente des défis, mais aussi des opportunités pour les acteurs qui sauront s’adapter aux nouvelles tendances et aux nouvelles attentes des clients. L’immobilier résidentiel reste un secteur porteur, mais il faut diversifier son portefeuille et intégrer l’ESG dans sa stratégie.