La récente adoption de la loi « anti-Airbnb » en France, visant à réguler le marché des locations de courte durée, a suscité des réactions variées au sein du secteur immobilier. Bien que l’objectif principal soit de protéger le logement résidentiel et de limiter la prolifération des meublés touristiques, cette législation a également des conséquences inattendues pour les gîtes et chambres d’hôtes.
Les nouvelles contraintes fiscales
La loi « anti-Airbnb » impose une réduction significative des avantages fiscaux pour les locations meublées touristiques. Pour les gîtes et chambres d’hôtes, cela se traduit par un abattement fiscal réduit sur les revenus locatifs. Par exemple, l’abattement pour les meublés classés passe de 71 % à 50 %, tandis que celui pour les meublés non classés est diminué de 50 % à 30 %. Ces changements rendent la gestion de ces établissements moins attrayante financièrement, ce qui pourrait dissuader certains propriétaires de continuer leur activité.
Cette situation est particulièrement préoccupante pour les petits exploitants qui dépendent souvent de ces revenus pour compléter leurs ressources. La baisse des abattements fiscaux pourrait entraîner une augmentation des prix pour les clients ou, dans le pire des cas, une fermeture d’établissements qui ne parviennent pas à maintenir leur rentabilité face à ces nouvelles exigences.
La limitation des jours de location
Un autre aspect de la loi concerne la limitation du nombre de jours pendant lesquels une résidence principale peut être louée. Les communes ont désormais la possibilité de réduire cette durée à 90 jours par an, contre 120 auparavant. Cette restriction vise à protéger le marché locatif traditionnel en décourageant les propriétaires d’opter pour la location saisonnière au détriment des baux longs.
Pour les gîtes et chambres d’hôtes, qui dépendent souvent d’une location plus fréquente pour assurer leur viabilité économique, cette limitation représente un obstacle majeur. De nombreux propriétaires pourraient se retrouver contraints de revoir leur modèle économique ou d’explorer d’autres options pour générer des revenus, comme l’organisation d’événements ou la diversification des services proposés.
Un cadre réglementaire plus strict
La loi renforce également les pouvoirs des mairies en matière de régulation des locations touristiques. À partir du 1er janvier 2026, tous les propriétaires de meublés touristiques devront s’enregistrer via un téléservice et fournir des pièces justificatives. Bien que cela vise à améliorer la transparence du marché, cela impose également une charge administrative supplémentaire aux petits exploitants qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour se conformer à ces nouvelles exigences.
Cette bureaucratisation pourrait décourager certains propriétaires potentiels d’ouvrir leurs gîtes ou chambres d’hôtes, aggravant ainsi la situation du secteur. En effet, ceux qui souhaitent simplement partager leur maison avec des voyageurs pourraient se sentir accablés par ces formalités administratives.
L’impact sur l’offre touristique
Les gîtes et chambres d’hôtes jouent un rôle crucial dans le paysage touristique français en offrant une alternative aux hôtels traditionnels et en contribuant à l’économie locale. La loi « anti-Airbnb » risque donc d’entraîner une réduction de l’offre touristique dans certaines régions où ces établissements sont particulièrement populaires.
Avec moins de choix disponibles pour les voyageurs, il est possible que certaines destinations perdent en attractivité. Cela pourrait également affecter l’économie locale, car moins de visiteurs signifie moins de dépenses dans les commerces et services environnants. Les professionnels du secteur craignent que ces mesures ne nuisent à l’image de la France en tant que destination touristique accueillante et diversifiée.